Marcel Robert, vidéo de 18 secondes
Cette vidéo de 18 secondes revisite une icône de l’art conceptuel : la Merda d’artista de Piero Manzoni. En gros plan, la boîte de merde apparaît solarisée — comme passée aux rayons d’un scanner post-mortem. Elle flotte, s’éloigne, comme pour s’extraire du regard. Puis, sans préavis, elle explose. C’est un hommage — parce que rien ne serait possible sans Manzoni. C’est une citation — parce que le corps de l’œuvre est littéralement repris. Mais c’est aussi une trahison joyeuse : la boîte explose, c’est-à-dire qu’elle en met partout. Elle salit le mythe, éclabousse le spectateur, souille l’histoire. Elle contamine le regardeur, qui devient à son tour porteur de cette matière décomposée. « Fin de série n°91 », comme un appendice clandestin, parachève la série par son autodafé. Ici, l’artiste ne vend plus sa merde: il la fait sauter.
End of series n°91
This 18-second video revisits an icon of conceptual art: Piero Manzoni’s Merda d’artista. In close-up, the box of shit appears solarised – as if it had been scanned post-mortem. It floats away, as if out of sight. Then, without warning, it explodes.
It’s a tribute – because nothing would be possible without Manzoni.
It is a quotation – because the body of the work is literally taken over.
But it’s also a joyous betrayal: the box explodes, in other words, it gets everywhere. It dirties the myth, splashes the spectator, soils history. It contaminates the viewer, who in turn becomes the carrier of this decomposed matter.
‘End of series n°91’, like a clandestine appendix, completes the series by burning itself. Here, the artist is no longer selling his shit: he’s blowing it up.
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